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Jacques LECOMTE : bonheur, bien-être ou sens au travail ?

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Parmi les principaux experts français en psychologie positive, Jacques LECOMTE a tout spécifiquement axé ses recherches sur le bonheur et la bonté humaine. L’auteur du best-seller L’entreprise humaniste a notamment confronté les analyses de la psychologie scientifique aux grilles de la philosophie pour élaborer une approche éclairante et intégrée du bonheur, du bien-être et du sens.
 
 
 
 
Les deux conceptions du bonheur
 
Deux définitions du bonheur s’affrontent depuis l’antiquité. Dans un cas, le bonheur est relatif à l’accumulation des instants de plaisirs vécus : c’est le bonheur « hédoniste » de la tradition grecque. Ce qu’on appelle aujourd’hui le bien-être en est la traduction. Selon une deuxième acception, le bonheur (« eudémoniste ») provient avant tout du sens procuré par l’accomplissement d’une vie réfléchie et engagée. Dans une telle perspective, « Le bonheur ne peut se concevoir comme strictement individuel, il n’a de sens qu’accompagné du bonheur des êtres proches [1]».
 

Mais pour Jacques LECOMTE, loin d’être exclusives, ces deux conceptions sont complémentaires : « Ce n’est que lorsque les deux sont présentes simultanément que l’individu éprouve un bonheur complet.[2] » Ainsi, si le bien-être est une dimension réjouissante de l’existence, il ne peut cependant à lui seul combler l’être humain. Et le sens, pourtant plus profond et plus durable, peut s’épuiser s’il n’est pas associé à des moments de bien-être.

Bonheur = bien-être + sens

 
 
 
 
Les conditions du sens
 
Selon Jacques LECOMTE, combiner de manière interactive les trois dimensions constitutives de l’être humain[3] permet de trouver du sens à sa propre vie :

 

1. Cœur = Les relations humaines
2. Tête = Les croyances et les valeurs
3. Main = L’action, l’engagement

 

La pyramide du sens
Source : Jacques LECOMTE, Donner un sens à sa vie,

Paris, Ed. Odile Jacob, 2007, p.15.

 
 

Et cette triade du sens se décline également au travail. Ainsi un individu est en mesure de trouver du sens à son travail lorsque sont réunies trois conditions :

1. La qualité des relations humaines avec ses collègues et avec sa hiérarchie
2. Le sentiment d’utilité à la société
3. La qualité du travail réalisé
 
 
 
 
Les situations les plus susceptibles de fournir à la fois du sens à l’existence et du bien-être
 
Sans défi, un travail est ennuyeux. A contrario, un défi disproportionné par rapport aux compétences d’une personne peut être source d’angoisse par crainte de l’échec. Au point de crête entre ces deux extrêmes se situe le juste défi qui permet de vivre l’ « expérience optimale » -ce que le psychologue hongrois Mihaly CSIKSZENTMIHALYI nomme le « flow » (flux).
 
Cet état spécifique libère à profusion les capacités d’une personne et lui font ressentir une plénitude à la mesure de l’intensité de l’effort accompli : « Le flux a le plus de probabilités d’apparaître lorsque l’individu accomplit une tâche exigeante et stimulante, et qu’il estime avoir les capacités pour la réaliser, c’est-à-dire lorsque les aptitudes d’une personne sont pleinement mises à contribution pour l’exécution d’une tâche difficile mais réalisable. Le flux agit donc comme une incitation au dépassement.[4] »
 
Et, selon le chercheur, les individus ont trois fois plus de probabilité d’expérimenter le flux au travail que dans les loisirs : « 54 % du temps passé au travail se déroule en condition de flux, contre seulement 18 % du temps passé aux loisirs.[5] »
 
 

 

L’état de flux
Source : M. CSIKSZENTMIHALYI, Mieux vivre en maîtrisant votre énergie psychique, Paris, Ed. Robert Laffont, 2005, p. 43.

 
 
 
 
Les dangers d’un excès de sens
 
Mais tout est question d’équilibre. Un excessif engagement au travail peut conduire à un épuisement et à un profond sentiment de vide. Préserver des espaces de réflexivité au sein de l’organisation permet aux personnes de nourrir leur intériorité et de développer un lien vivant aux autres sans fusionner totalement avec leur entreprise. Il s’agit de pouvoir maintenir un subtil équilibre entre l’être et le faire pour susciter un agir incarné, seul gage d’une création de valeur réelle et durable pour l’entreprise et ses parties-prenantes.
 
 
 
 

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Pour aller plus loin (sélection choisie) :
 

  • Conférences et interviews :
     
    Conférence « Empathie et coopération, leviers de progrès social » à l’Université Grenoble Alpes, le 22/06/2017 (51 min 16) :http://www.youtube.com/watch?v=dVYq0Jr1i7E

Interview « Bonheur, bien-être et sens » (14 min 37) :

 

  • Livres :
     
    Les entreprises humanistes, Comment elles vont changer le monde, Paris, Ed. Les Arènes, 2016.
    La Bonté humaine, Altruisme, empathie, générosité, Paris, Ed. Odile Jacob, 2012 (ouvrage qui a reçu le Grand prix Moron de l’Académie française 2016 récompensant une œuvre favorisant une nouvelle éthique).
    Donner un sens à sa vie, Paris, Ed. Odile Jacob, 2007.

 

 
 

[1] Donner un sens à sa vie, Paris, Editions Odile Jacob, 2017, p. 21.
[2]Ibid, p.218.
[3]En référence à « l’homme tridimensionnel » d’Aristote.
[4]Les entreprises humanistes, Paris, Editions les Arènes, 2016, p. 22.
[5]Ibid, p. 24.

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