L’art d’écouter, de discerner et d’innover se développe grâce à une sensibilité aiguisée. C’est pour permettre aux dirigeants d’entreprise d’accroître leur intelligence sensible, essentielle à l’exercice de leurs responsabilités, que la philosophe et chevalier de la légion d’honneur Christine CAYOL, a crée un accompagnement original par la voie de l’art.
« L’enjeu [est] de ne pas perdre cette affectivité essentielle qui fait notre humanité, qui nous aide à agir et que l’art intensifie. » déclare Christine CAYOL, pour qui l’homme est avant tout un être de ressenti et de perception : « Nous sommes artistes avant que d’être ingénieurs, philosophes, musiciens, parce que notre vie singulière commence par se recevoir d’un monde sensible qui se donne comme beau, triste, angoissant, agréable, fatiguant, avant que de se laisser objectiver à travers le prisme de la technique.[1] »
L’apport unique de l’intelligence sensible pour déchiffrer la complexité du monde
Devenir lecteur-decrypteur du sens qui « dans un monde en marche, n’est pas donné immédiatement puisqu’il émerge[2] » n’est possible qu’en mobilisant à la fois sensibilité et intelligence. Car si l’intelligence rationnelle permet de comprendre objectivement la réalité, elle n’en rend pas compte entièrement : « La rationalité scientifique et technique repose sur un réductionnisme de méthode, qui fait sa puissance aussi bien que sa limite. [3]» précise la philosophe. Les ressentis personnels ouvrent à une compréhension plus fine et plus profonde. Il ne s’agit pas de cultiver l’irrationnel mais de convoquer en soi « un autre logos, une autre raison, raison incarnée qui se risque dans le singulier, le subjectif, le sensible. [4]»
Intensifier la capacité à discerner par l’art
Pour Christine CAYOL, la fréquentation des œuvres d’art, ces « concentrés de réel sensible[5] », permet de mieux voir, de mieux écouter et d’ « éprouver que son monde intérieur s’élargit, que le monde extérieur s’étend[6] ». C’est pour affiner leur capacité à discerner que la philosophe propose aux dirigeants d’entreprise un accompagnement sur-mesure au contact de l’art. Car développer ses propres capteurs sensibles est la condition pour faire émerger une vision personnelle, source de conviction : « Discerner revient à placer à l’intérieur de soi-même une boussole intérieure et avoir envie d’avancer.[7]» souligne Christine CAYOL.
Le décalage artistique réveille l’esprit d’aventure et d’inventivité
Accepter de se laisser chavirer par le nouveau pour « reconfigurer le monde sur un mode inattendu.[8] », tel est ce à quoi nous invite l’œuvre d’art. Par le détour qu’il permet, l’art dérange et réarrange notre rapport au réel et nous met en prise directe avec le vivant en nous : « Se décaler pour se mobiliser, se mettre en mouvement (…) pour lutter contre tout ce qui en soi pousse à l’inertie, à l’automatisme, à l’abrutissement. Cette mobilisation de soi ne peut se faire que par l’écart et le décalage. [9]» Lâcher prise avec la maîtrise technique permet de se libérer de ce que l’on sait pour inventer ce qu’on ne sait pas encore et « de chercher en soi de nouvelles voies, de nouveaux accords. [10]» Car « Mieux voir, mieux sentir, mieux goûter au monde et aux êtres » permet d’« ouvrir le passage de la quantité à la qualité, du visible à l’invisible.[11]
Pour aller plus loin (sélection choisie) :
-
-
-
- Sites :
-
Cabinet Synthesis, fondé par Christine Cayol : http://www.synthesis.fr
Maison des Arts de Pékin , fondée par Christine Cayol en 2009 : http://www.associationart8.fr/yishu-8-
-
- Videos et conférences :
-
Faire du temps son allié, cabinet Synthesis (4 min 51) :
Le Dirigeant face aux temps : Quels temps pour l’innovation? Rencontre inter-entreprises du 30 Mars 2017 : http://vimeo.com/219678197 (3 min 20)
Faire du temps notre allié, L’OREAL Open Conference (12 min 20) :
De la copie à l’innovation, comprendre la culture chinoise à travers ses peintres : http://vimeo.com/37493661 (70 min)
-
-
-
- Livres :
-
-
Pourquoi les Chinois ont-ils le temps?, Ed. Tallandier, avril 2017 – traduit en néerlandais, ed.Have Ten, et en espagnol, ed.Urano, 2018.
A quoi pensent les Chinois en regardant Mona Lisa ?, Essai co-écrit avec le Professeur Wu, Ed. Tallandier, octobre 2012 – traduit en chinois, ed.the commercial press, 2014.
Voir est un art, Ed.Village Mondial, 2004 – traduit en Chinois, Ed. Commercial Press, 2008.
L’Intelligence sensible, Picasso, Shakespeare, Hitchcock au secours de l’économie, Ed. Village Mondial, 2003.
Crédit photo : Viktor Popov
[1] CAYOL Christine, L’intelligence sensible : Picasso, Shakespeare, Hitchcock au secours de l’économie, Village Mondial, 2003, p. 88.[3] CAYOL Christine, L’intelligence sensible : Picasso, Shakespeare, Hitchcock au secours de l’économie, Village Mondial, 2003, p. 88, p. 25.
[4] Ibid., p. 88-89.
[5] Ibid., p.93
[6] Ibid., p. 119.
[8] Ibid., p.27.
[9] Ibid., p.98.
[10] Ibid., p.71.
[11] Ibid., p.111.
-